Happy New Year!
S’il existe une coutume qui me met particulièrement mal à l’aise, c’est bien la présentation des vœux pour l’an nouveau. Je ne connais rien de plus superficiel et hypocrite. Je m’explique.
Autrui se divise en trois catégories : l’autrui qu’on n’aime pas, l’autrui dont on se fiche éperdument et l’autrui qu’on affectionne. Dès lors qu’on fréquente autrui (voisin, collègue, époux de mon beau-frère, hôtesse de caisse), quelle que soit la catégorie à laquelle il appartient, on est tenu de lui souhaiter formellement le meilleur pour cette nouvelle année. Or, l’autrui qu’on n’aime pas, si on lui souhaite des trucs, ce n’est sûrement pas le bonheur, la santé et tout le tra-la-la ! L’autrui dont on se fiche, on ne lui souhaite aucun mal, mais… on s’en fiche. Quant à l’autrui qu’on affectionne, on se soucie de son bien-être tout au long de l’année sans qu’il soit nécessaire de formuler des vœux qui ne sont que de pieuses paroles qui nous permettent de passer pour quelqu’un d’attentionné.
Bref, dans tous les cas, souhaiter la bonne année est un acte vain engendré par l’habitude, la bienséance et, surtout, par la crainte de passer pour un acariâtre impoli et égoïste si l’on garde in petto de bienveillantes pensées. Comme si cette obligation sociale ne suffisait pas à me contrarier, il va falloir affronter, le sourire aux lèvres, tous les clichés annuels que l’on doit accueillir avec la même bonne humeur que si on les entendait pour la première fois de sa vie :
– « …et puis, la santé, surtout, parce que quand on n’a pas la santé, rien ne va. » (dit l’assureur mutualiste)
– « Bonne année, je vous souhaite plein de bonnes choses. » (dit le paresseux dépourvu de vocabulaire)
– « …de l’argent, aussi, parce que ça fait pas le bonheur mais ça y contribue, hein ! » (dit le rentier)
– « Je vous souhaite la réussite professionnelle. » (dit à ses employés le patron qui va mettre en branle un plan de restructuration)
– « Ah bah ! bonne année, au fait, après tout on a jusqu’au 31 janvier ! » (dit celui qui adore tellement les bons vœux qu’il fait chier jusqu’au bout)
Enfin, je ferai remarquer que, selon un sondage IFLOP commandé par moi-même, 100 % des personnes qui décèderont en 2014 auront reçu les bons vœux pour la nouvelle année. Étonnant, non ?
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